La scène littéraire française est riche en œuvres qui ont traversé les siècles et qui continuent d’orner les étagères des salles de classe. Mais pourquoi les élèves lisent-ils toujours les mêmes classiques ? Cette question soulève plusieurs interrogations sur notre système éducatif et la place de la littérature dans l’enseignement.

1. La tradition littéraire française : un héritage éducatif indéboulonnable ?

Dans les écoles françaises, le choix des œuvres littéraires étudiées semble figé dans le temps. Molière, Balzac, Flaubert… Autant de noms qui résonnent par leur importance historique et littéraire, mais est-ce suffisant pour justifier leur présence répétée dans les programmes scolaires ? Nous pensons que, bien que ces classiques aient une grande valeur patrimoniale, l’objectif éducatif devrait aussi inclure une diversité de genres, d’auteurs et de perspectives.

Des études montrent que 70 % des professeurs de français suivent un programme dicté par le ministère de l’Éducation nationale, peu flexible et souvent décorrélé des évolutions sociales. Ce respect rigide de la tradition littéraire, bien que louable à certains égards, risque de cloisonner la perception culturelle des jeunes générations.

2. Les conséquences sur l’ouverture culturelle et la créativité des élèves

Le maintien d’un corpus canonique dès le plus jeune âge a des implications notables. Souvent, les élèves se sentent déconnectés de ces textes, qu’ils trouvent élitistes et difficiles à comprendre. Un choix limité entrave également l’éveil de la curiosité intellectuelle et l’aptitude à développer une pensée critique sur des œuvres plus contemporaines, reflétant des problématiques actuelles.

Il existe une corrélation entre cette sélection rigide des textes et le désintérêt croissant des jeunes pour la littérature. Selon une enquête du ministère de l’Éducation, en 2021, plus de 40 % des élèves de lycée considèrent la littérature comme une matière peu engageante.

3. Réinventer le programme : initiatives et alternatives pour diversifier les lectures scolaires

Les solutions possibles pour dynamiser les programmes littéraires sont variées. Nous devons encourager l’inclusion d’auteurs contemporains et de cultures différentes, reflétant ainsi notre monde globalisé. Des initiatives fleurissent ici et là ; certains professeurs introduisent des œuvres de littérature étrangère ou proposent des lectures complémentaires en format numérique permettant aux élèves de vivre une expérience plus inclusive et moderne de la littérature.

On pourrait envisager d’introduire des clubs de lecture, des journées thématiques et l’organisation de rencontres avec des auteurs vivants. Une alternative intelligente consisterait à équilibrer les classiques et les œuvres modernes pour renouer l’intérêt des élèves pour la lecture. Pour cela, l’autonomie des enseignants dans le choix des œuvres devrait être renforcée, en accompagnant cette liberté d’une formation continue sur l’enseignement de la littérature.

Ces transformations nécessitent une volonté collective des acteurs de l’éducation. En actualisant le programme, nous ne remettons pas en cause l’importance des classiques, mais nous enrichissons notre approche de l’enseignement littéraire avec des perspectives nouvelles. Sans conclusion.